La grande Colette put applaudir J. B., un soir d’octobre 1936, dans un numéro où l’artiste américaine dansait entourée de quatre hommes. Colette admirait surtout le moment où la danseuse, tous voiles tombés, entrait « dans la nudité et dans la gravité ». Elle la décrit alors ainsi : « Nue, sauf trois fleurs d’or, pressée par quatre assaillants, elle assume un sérieux somnambulique, une absence de sourire, qui ennoblissent un audacieux numéro de music-hall. Grands yeux fixes, armés de cils durs et bleus, pommettes pourpres, sucre éblouissant et mouillé de la denture entre les lèvres d’un violet sombre — la tête se refuse à tout langage, ne répond rien à la quadruple étreinte sous laquelle le corps docile semble fondre. » (« La Revue, aux Folies-Bergère », 12 octobre 1936, in La Jumelle noire, Robert Laffont (Bouquins).]

 

Willie Wells : 1919-1920 (divorce). Elle se marie à 13 ans avec cet ouvrier fondeur et travaille comme serveuse. Leur union se termina avec la bouteille que Joséphine lui fracassa sur la tête.

William Howard Baker : 1921-1923 (divorce). Suivant dans le nord des États-Unis la troupe

des « Dixie Steppers », elle épousa (à l'âge de 15 ans) William Baker, garçon chez Pullman, àPhiladelphie. Elle le quitta pour partir à Paris, conservant son nom qui passa ainsi à la postérité.

Giuseppe (dit « Pepito ») di Abatino : 1926-1936. L'union entre l'actrice et ce tailleur de pierre italien se prétendant comte n'eut jamais de fon- dement légal. Il organisa pour elle une tournée mondiale qui débuta en mars 1928. Autriche,Hongrie, Yougoslavie, Danemark, Roumanie,Tchécoslovaquie, Allemagne, Pays-Bas, Argentine,Chili, Uruguay, Brésil : partout, son passage suscita la controverse, aiguisant sa popularité et contri- buant fortement à la vente de ses disques et de ses Mémoires. L'échec des Ziegfeld Follies précipita leur rupture.

En 1929, sur le bateau qui les ramenaient du Bré- sil, l'architecte Le Corbusier eut un coup de foudre pour Joséphine Baker. Il reste de leur rencontre des dessins de Joséphine réalisés par l'architecte, encore célibataire à cette date.

JeanLion:1937-1940(divorce).Enépousant,le30 novembre 1937 à Crèvecœur-le-Grand, cet indus- triel de 27 ans qui avait fait fortune dans le sucre raffiné, Joséphine reçut la nationalité française.

Jo Bouillon : 1947-1961 (séparation en 1957, di- vorce en 1961). Ce chef d'orchestre originaire de Montpellier accompagna Georgius, Mistinguett,Maurice Chevalier et Joséphine à Paris et en tour- née. Elle vécut avec lui aux Milandes. Ils formèrent et réalisèrent ensemble leur projet d'adopter des en- fants de nationalités différentes, ce afin de prou- ver que la cohabitation de « races » différentes pouvait admirablement fonctionner. Finalement, ils adoptèrent 12 enfants ce qui fut entre autres un des motifs de leur rupture, Jo Bouillon estimant qu'il était folie d'adopter plus de six enfants.

Robert Brady : 1973-1974. Elle a connu cet artiste et collectionneur d'art américain durant un de ses séjours aux États-Unis. Vu les échecs de ses quatre mariages précédents, ils décidèrent d'échanger leurs vœux de mariage dans une Église vide à Acapulco,Mexique. Mais ils se séparèrent un an plus tard.